- Powell fait preuve de prudence. Jerome Powell, le président de la Fed, a adopté un ton prudent quant à un nouvel assouplissement. Il a souligné que l’éventualité d’une baisse des taux reste incertaine étant donné le contexte politique : en effet, les décideurs tentent d’équilibrer les risques liés à l’inflation et le marché du travail, qui ralentit.
- Une réévaluation agressive. Les marchés ont cessé d’intégrer pleinement deux nouvelles baisses des taux de la Fed d’ici la fin de l’année. En conséquence, les rendements américains ont presque atteint leurs plus hauts niveaux depuis un mois, ce qui a stimulé le rebond du dollar.
- La tendance s’inverse. En effet, on peut avancer que le dollar américain passe d’une « victime de la baisse des taux » à une histoire de croissance relative, ce qui n’est pas sans rappeler la dynamique du premier mandat de Donald Trump.
- Des vents favorables sur le plan fiscal. Avec l’effet pénalisant des tarifs qui s’estompe, des conditions financières qui s’assouplissent et une politique budgétaire devenue plus favorable (avec la « One Big Beautiful Bill »), les perspectives de croissance des États-Unis pour 2026 semblent plus prometteuses.
- Bonnes données, mauvaises nouvelles. La croissance du PIB américain au deuxième trimestre a surpris à la hausse (3,8 %), la croissance la plus rapide en presque deux ans. Cependant, les actifs à risque ont été vendus à mesure que les anticipations d’assouplissement étaient revues à la baisse.
- Les cryptomonnaies sont en baisse. Cette situation nous rappelle que l’appétit pour le risque est fragile. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un signe avant-coureur définitif d’une correction du marché à grande échelle, la baisse met en évidence la rapidité avec laquelle le sentiment est susceptible de changer lorsque la liquidité et l’effet de levier entrent en collision.
- Ailleurs, rien à signaler. Comme prévu, la Banque nationale suisse a laissé son taux directeur inchangé à 0 % et s’est abstenue de qualifier la force du franc de « risque ».

Macro mondiale
Les données macroéconomiques américaines déjouent la faiblesse du marché du travail
Des hausses surprenantes. Toutes les données américaines publiées cette semaine se sont révélées positives pour le dollar. Le PIB définitif du deuxième trimestre a été plus élevé que prévu (3,8 % au lieu 3,3 %), dépassant considérablement les prévisions consensuelles (3,4 %). Cette révision à la hausse s’explique par des chiffres de la consommation plus élevés. Les demandes initiales d’allocations chômage ont chuté à 218 000, bien en deçà des 233 000 attendues. De plus, l’indice PMI manufacturier américain Flash a atteint son plus haut niveau depuis mai 2022, tandis que l’indice PMI des services est également resté robuste, bien que tous deux soient légèrement inférieurs aux attentes du consensus.
La consommation américaine reste forte. En août, les dépenses de consommation aux États-Unis ont augmenté plus que prévu. Les dépenses corrigées de l’inflation ont augmenté de 0,4 % pour un deuxième mois consécutif. L’indice Core PCE, l’indicateur d’inflation privilégié par la Fed, a augmenté de 0,2 % par rapport à juillet et de 2,9 % sur un an, conformément aux prévisions.
Signaux PMI décevants. Les enquêtes PMI Flash pour la zone euro, l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni brossent un portrait mitigé. L’indice PMI composite de la zone euro a atteint son plus haut niveau depuis 16 mois. Toutefois, cette hausse s’explique par la faiblesse du secteur des services et le ralentissement de l’expansion du secteur manufacturier. En revanche, les indices PMI en Allemagne ont fait preuve de robustesse. On observe une baisse de ces indices en France. Les indices PMI du Royaume-Uni ont également montré des signes de ralentissement de la croissance. Dans l’ensemble, les données indiquent que, si l’économie de la zone euro est en expansion, la reprise demeure lente.
La Banque du Mexique (Banxico) baisse ses taux. La Banque du Mexiquea réduit son taux journalier de 25 points de base à 7,50 %. Cette décision est cohérente avec les attentes du marché. Il s’agit de la dixième baisse de taux d’affilée pour la banque centrale, qui maintient son cycle d’assouplissement face au recul de l’inflation.
La BNS maintient son cap. Comme prévu, la Banque nationale suisse (BNS) a maintenu son taux directeur inchangé à 0 %, adoptant une position plus souple vis-à-vis de l’évolution du taux de change.
Pressions sous-jacentes. En Australie, l’IPC mensuel confirme des pressions inflationnistes toujours tenaces. En Australie, une inflation supérieure à la cible pousse la banque centrale à la prudence sur de nouvelles baisses de taux.

Perspectives sur le marché des changes
Des discours bellicistes, un dollar fort
USD Le dollar reste stable. L’indice du dollar (DXY) a atteint son plus haut niveau depuis un mois. Dans le même temps, les investisseurs ont ajusté leurs attentes en matière de taux en réponse aux signaux mitigés de la réunion de politique monétaire de la Fed. Les discours de la semaine dernière ont été discordants : certains sont accommodants, d’autres bellicistes. Jerome Powell a également pris la parole. Le point clé à retenir : le cycle d’assouplissement est loin d’être acquis, et la récente baisse des taux vise plus à prévenir qu’à guérir. L’économie globale reste stable et l’inflation continue de grimper. Par ailleurs, les récentes révisions à la hausse du PIB du deuxième trimestre et du PCE de base donnent du grain à moudre aux bellicistes. Les marchés anticipent actuellement près de deux baisses supplémentaires d’ici la fin de l’année (39 points de base). Il pourrait s’agir d’une vision trop optimiste compte tenu de la position de la Fed, dépendante des données, et de ses deux réunions restantes. Cette situation suggère que toute nouvelle réévaluation des attentes pourrait soutenir le dollar à court et moyen terme : en effet, il continue de montrer une résilience remarquable pour s’établir autour de 97. Ce seuil s’est maintenu à plusieurs reprises depuis le déclin plus tôt dans l’année.
EUR En dents de scie. Cette semaine, la dynamique du marché américain s’est répercutée sur l’euro. Celui-ci n’a pas réussi à trouver un équilibre et a fini par reculer de plus de 0,5 % après une évolution en dents de scie. Les investisseurs avaient initialement pris en compte un assouplissement agressif de la Fed, mais le sentiment s’est orienté vers une position plus prudente suite aux révisions des données américaines, plus robustes que prévu. Cela s’est traduit par une hausse de l’euro, qui avait atteint des records depuis le début de l’année, puis par une baisse à mesure que la retarification devenait plus belliciste. Si l’ampleur du virage accommodant de la Fed influencera l’évolution de l’euro à moyen terme, la composante euro des fondamentaux de la paire EUR/USD a en grande partie épuisé ses facteurs de soutien, la BCE ayant terminé son cycle d’assouplissement. Sur le front des données, les chiffres décevants de l’indice Ifo en Allemagne (où la situation actuelle et les attentes sont ressorties en deçà des prévisions) combinés à des PMI contrastés, avec un secteur manufacturier repassant en contraction sous le seuil de 50, ne présagent rien de bon pour la devise. L’assouplissement du plafond budgétaire de l’Allemagne était l’un des catalyseurs les plus intéressants de ce début d’année, mais cet enthousiasme initial semble désormais s’être estompé.

GBP Biais baissier. La livre sterling a subi sa plus forte baisse sur deux jours par rapport au dollar (-1,3 %) depuis les turbulences provoquées par les tarifs douaniers imposés en avril. La devise reste sous pression, car l’augmentation des rendements à long terme au Royaume-Uni se heurte à la montée du dollar, lequel est stimulé par de solides données américaines et par la diminution des paris d’assouplissement de la Fed. Depuis son pic du 17 septembre, la paire GBP/USD a reculé de près de 3 % et s’approche de ses plus bas niveaux mensuels après la formation d’un chandelier en étoile filante, signe technique baissier. La hausse des rendements obligataires souligne les doutes des investisseurs quant à la crédibilité budgétaire à long terme du gouvernement : les taux à 10 ans ont atteint leur plus haut niveau depuis début septembre, tandis que les taux à 30 ans ont de nouveau atteint leur record historique d’il y a 27 ans (5,75 %). Les inquiétudes sur l’offre restent au premier plan alors que la Banque d’Angleterre réduit ses avoirs et que les besoins budgétaires demeurent élevés, le tout amplifié par la faible demande observée lors de l’adjudication d’hier. La chute de la livre, malgré la hausse des rendements, est quelque peu préoccupante : elle laisse entendre que les marchés y voient un signe de tension plutôt qu’une opportunité de portage. Une cassure sous 1,34 $ exposerait le plus bas de septembre à 1,3333 $, avec comme prochains supports la moyenne mobile exponentielle à 200 jours à 1,3254 $ et le creux d’août à 1,3142 $. Avec seulement 39 points de base de baisse intégrés dans les prix d’ici 2026, un cycle d’assouplissement plus rapide de la BoE pourrait surprendre. Pour l’instant, la vigueur du dollar accentue la pression à l’approche du budget de novembre.
CHF En statu quo. Comme prévu, la Banque nationale suisse (BNS) a laissé son taux directeur inchangé à 0 %, l’inflation des prix à la consommation s’établissant à seulement 0,2 % sur un an en août. Malgré la vigueur du franc, la BNS s’est abstenue de la qualifier de « risque » ou de la décrire comme étant « hautement valorisée » comme elle a pu le faire par le passé. Cette retenue apporte un léger soutien à la devise, la paire EUR/CHF restant contenu sous 0,94 et la paire USD/CHF sous 0,80 malgré la vigueur générale du dollar. La faible inflation en Suisse contribue à stabiliser le taux de change réel même si le franc nominal s’apprécie. C’est une dynamique probablement rassurante pour les décideurs politiques. La volatilité implicite sur les paires en franc reste proche de ses plus bas historiques, mais l’historique du franc est marqué par de longues périodes de calme ponctuées de mouvements brusques. Aux traders de ne pas confondre période de calme et absence totale d’activité.


