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L’IA surévaluée

Les marchés ont fait preuve de prudence face à la chute des valeurs technologiques, le nombre de suppressions de poste en octobre a atteint son plus haut niveau depuis 20 ans et les données américaines sont toujours gelées dans le cadre de la paralysie du gouvernement. Les banques centrales adoptent une posture plus accommodante. Par…

Foreign Exchange Weekly Market Update
  • Valorisation et volatilité. L’appétit pour le risque flanche. Les investisseurs évaluent l’engouement technologique par rapport aux valorisations excessives de l’IA. L’indice de peur VIX a bondi. L’indice Nasdaq, à forte composante technologique, a chuté d’environ 4 % par rapport à son record historique. En Asie, les marchés boursiers sont en passe de connaître leur pire semaine depuis trois mois, tandis que le Bitcoin affichera sa pire semaine depuis mars.
  • Signaux pendant la fermeture du gouvernement et shadow data. Alors que la saison des bénéfices touche à sa fin et que les données officielles des États-Unis sont gelées par la paralysie des services gouvernementaux, les marchés s’appuient sur des indicateurs privés pour évaluer l’état de l’économie américaine.
  • Baisse des taux de la Fed : les paris sont toujours ouverts. Les chiffres d’ADP sur les salaires sont plus hauts que prévu (42 000 contre 30 000 prévus), de même que l’indice ISM des services. Les marchés sont indécis quant à la décision de la Fed en décembre.
  • Hausse des suppressions de postes. La volatilité a repris de plus belle. Les données de Challenger ont révélé qu’en octobre, le nombre de suppressions de postes a atteint son plus haut niveau depuis plus de 20 ans, ce qui s’est répercuté sur le sentiment. L’exposition à la hausse du dollar américain a été réduite, l’indice du dollar passant sous le seuil des 100 points.
  • Zone euro : signaux mitigés. Les indices PMI révisés ont affiché de meilleures performances que prévu, notamment en France. Cependant, les données décevantes du rendement industriel et des ventes au détail ont ralenti l’évolution du cours de l’euro.
  • Banque d’Angleterre : décision non unanime. La Banque d’Angleterre (BoE) a maintenu ses taux à 4 % à l’issue d’un vote serré (5 contre 4), quatre membres étant favorables à une baisse. Ce résultat est plus accommodant que celui du précédent vote (7 contre 2), conséquence d’une inflation et des données du marché du travail plus faibles.
  • Moult données. La semaine à venir ne sera pas avare en données, en particulier en provenance du Royaume-Uni.
Chart: AI boom or bust driving market volatility

Macro mondiale
L’ADP comble le vide du NFP

La Cour suprême américaine est sceptique. L’utilisation répétée du pouvoir exécutif par le président américain Donald Trump pour imposer ses désormais fameux tarifs douaniers a fait l’objet d’un examen minutieux devant la Cour suprême des États-Unis, où les juges ont fait preuve d’un certain scepticisme. Les premiers signes d’inquiétude du pouvoir judiciaire quant à la dépendance de l’administration vis-à-vis du cadre de l’IEEPA pourraient raviver l’incertitude entourant la politique commerciale.

Main-d’œuvre et services aux États-Unis. Les données d’ADP indiquent une stabilisation du marché du travail américain. 42 000 emplois ont en effet été créés après une révision à la baisse du chiffre précédent. Cependant, cette progression a été entièrement portée par les grandes entreprises, tandis que l’emploi dans les petites entreprises a reculé pour la cinquième fois en six mois, ce qui suggère un affaiblissement persistant de la demande. Parallèlement, l’indice des services de l’ISM a fortement rebondi en octobre, enregistrant sa plus rapide expansion depuis huit mois, porté par une augmentation importante de la demande. Les nouvelles commandes ont grimpé à 56,2 et l’activité commerciale a atteint 54,3, témoignant de la résilience des dépenses des ménages et des entreprises.

Au Canada et au Royaume-Uni, priorité au budget. Le budget historique du Premier ministre canadien Mark Carney associe 141,4 milliards de dollars de nouvelles dépenses à 58,2 milliards de dollars de coupes, dont une réduction de 10 % des effectifs de la fonction publique fédérale, entraînant un déficit prévu de 78,3 milliards de dollars (près du double des estimations précédentes). La chancelière de l’Échiquier britannique, Rachel Reeves, dévoilera le budget du pays plus tard ce mois-ci.

Banque d’Angleterre. La Banque d’Angleterre a maintenu ses taux à 4 % à l’issue d’un vote serré (5 contre 4), quatre membres ayant soutenu une baisse contre deux lors de la précédente réunion, ce qui met en évidence les divisions croissantes au sein du comité de politique monétaire. La livre sterling et les rendements des obligations d’État ont chuté suite à cette décision. La BoE a indiqué que les risques liés à l’inflation sont désormais plus équilibrés, tout en réaffirmant que l’assouplissement monétaire se fera de manière progressive et dépendra des données à venir.

Banque de réserve d’Australie. La banque centrale d’Australie (RBA) a maintenu ses taux à 3,60 %, une décision prudente dans un contexte d’inflation en hausse et de ralentissement du marché du travail. La RBA, en pause depuis août après trois baisses de taux cette année, a indiqué qu’elle avait besoin de davantage de preuves d’un ralentissement de la hausse des prix.

Chart: Labour market shows signs of rebound as ADP fills NDP void

Perspectives sur le marché des changes
En quête d’une boussole

USD Surévalué à 100. Les gains hebdomadaires du dollar se sont essoufflés vers la fin de la semaine. Le billet vert s’est apprécié sous l’effet d’un regain de confiance principalement lié à l’apaisement des tensions commerciales, notamment avec la Chine après la conclusion d’un accord commercial d’un an la semaine dernière, ainsi que de flux vers les valeurs refuges. Une correction des marchés des actions, alimentée par la crainte croissante de valorisations excessives, a réaffirmé l’attrait toujours marqué du dollar en tant que valeur refuge. Cela dit, le sentiment de marché a évolué en fin de semaine : l’optimisme prudent, ravivé par des données ADP et un indice PMI des services de l’ISM meilleurs que prévu publiés jeudi, a été contrebalancé par d’importantes vagues de licenciements — les plus élevées pour un mois d’octobre depuis plus de vingt ans, selon Challenger, Gray et Christmas Inc. Ces chiffres ont légèrement ravivé les anticipations d’une baisse de taux en décembre, les probabilités passant de 62 % à un pic de 72 %, avant de se replier légèrement vendredi. Techniquement parlant, le DXY venait tout juste de frôler sa moyenne mobile à 200 jours, toujours orientée à la baisse. Une cassure de ce niveau semble pour l’instant injustifiée, surtout après la publication des chiffres de licenciements de Challenger. À présent, nous nous attendons à ce que le dollar se maintienne dans la moitié supérieure du seuil des 99, sauf en cas de nouvelles données significatives susceptibles d’orienter plus nettement son évolution.

EUR Le destin de l’euro est lié au sentiment américain. Les indices PMI de la zone euro ont dépassé les attentes en début de semaine, avec une production industrielle et manufacturière française également supérieure aux prévisions malgré les turbulences politiques. En revanche, la production industrielle allemande et les ventes au détail dans la zone euro ont été inférieures aux prévisions, suscitant des doutes quant à un optimisme peut-être excessif dans un contexte de perspectives assombries par les tarifs douaniers, et maintenant l’évolution de l’euro relativement contenue. La devise reste cependant tributaire de l’évolution de la situation aux États-Unis. Les investisseurs continuent d’analyser l’état de l’économie américaine à travers des sources de données alternatives, tout en étant influencés par des facteurs complémentaires comme les négociations commerciales, susceptibles d’avoir renforcé un sentiment favorable au dollar. La paire EUR/USD a donc été échangée à un niveau sous-évalué par rapport à la valeur théorique suggérée par ses indicateurs macroéconomiques et sa trajectoire de politique monétaire, avant de se réaligner plus étroitement plus tard dans la semaine, suite à des données dures décevantes dans la zone euro et à un rapport Challenger qui n’a pas convaincu les partisans d’une politique accommodante, limitant ainsi les pertes de rendement aux États-Unis. Alors que la sous-évaluation de la paire a entraîné un rebond plus marqué, maintenant que l’écart s’est réduit, la poursuite de la hausse de l’euro dépendra désormais d’un flux régulier de données américaines faibles, les événements isolés ne suffisant probablement plus.

Chart: EUR/USD nears fair value, making further upside less likely

GBP Le soulagement, mais pas de relance. La livre a progressé face aux principales devises du G10 après que la Banque d’Angleterre a maintenu ses taux à 4 %, mais ce mouvement semble davantage technique que fondamental. Ce rebond reflète probablement le désengagement des investisseurs de positions défensives après l’absence d’une baisse surprise, offrant ainsi à la livre un peu de répit à court terme. La posture attentiste du gouverneur Andrew Bailey témoigne de la tendance accommodante. Avec un calendrier chargé de publications au Royaume-Uni à venir, ce rebond pourrait simplement offrir de meilleurs niveaux d’entrée pour les vendeurs, les risques de baisse restant présents. La paire GBP/USD s’est redressée après des conditions de survente, se maintenant au-dessus du seuil psychologique des 1,30 $. La paire GBP/EUR, quant à elle, reste en dessous de 1,14 €, suivant la baisse de l’écart de rendement entre le Royaume-Uni et l’Allemagne. Les inversions de risque, en particulier sur l’échéance d’un mois liée au budget de novembre, révèlent une demande élevée de protection à la baisse, soulignant l’anxiété persistante des investisseurs face à la vulnérabilité de la livre. Parallèlement, les fonds à effet de levier restent globalement acheteurs de livre sterling, laissant place à une baisse supplémentaire si ces positions se dénouent, d’autant plus que les gestionnaires d’actifs restent nettement baissiers.

CHF Test du statut de valeur refuge. Le franc suisse a sous-performé le yen cette semaine malgré un contexte globalement défensif. Il s’agit d’un changement inhabituel au regard de son rôle récent de valeur refuge privilégiée. Depuis le « Jour de la Libération », le CHF a progressé de près de 10 % face au dollar, tandis que le JPY a reculé d’environ 3 %, rendant cette divergence particulièrement notable. Cette évolution pourrait indiquer les prémices d’un changement de régime. La spéculation autour d’une intervention de la BNS a refait surface, les mouvements récents laissant penser à de potentielles ventes de francs. La paire EUR/CHF a bondi de près de 1,2 % malgré la détérioration du sentiment mondial, renforçant l’idée que les autorités monétaires pourraient s’opposer à une vigueur excessive du franc. Sur le plan macroéconomique, l’inflation d’octobre, limitée à seulement 0,1 %, met en évidence l’effet désinflationniste d’une monnaie forte. Avec des pressions sous-jacentes modérées et des coûts d’importation contenus, le franc devrait rester globalement stable d’ici la fin de l’année tout en affichant un léger biais à la baisse, la BNS cherchant à réajuster sa politique monétaire.

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