Les indicateurs de volatilité implicite sur un mois ont augmenté dans toutes les classes d’actifs, car ils prennent en compte le prochain rapport sur les emplois non agricoles aux États-Unis, la décision du FOMC et l’élection présidentielle américaine. Ces trois paramètres connus, mais imprévisibles continuent à peser sur les actifs à risque.
Donald Trump prend encore de l’ampleur sur les deux marchés de paris les plus importants. Dans les sondages généraux, l’écart entre lui et Kamala Harris se resserre. Les marchés ont commencé à se positionner en vue d’une éventuelle réélection de Donald Trump l’année prochaine.
La résilience des données macroéconomiques américaines suggère qu’une réduction importante des taux de la Fed au cours des prochaines réunions n’est pas envisagée. Le scénario de base reste un assouplissement progressif par tranches de 25 points de base. Il faut néanmoins rester attentif aux éventuelles mauvaises surprises concernant les données relatives à l’embauche.
Les indicateurs avancés européens sont plutôt pessimistes quant à une reprise rapide. Toutefois, tant l’indice PMI manufacturier que l’indice Ifo semblent indiquer que le pire est peut-être passé pour l’Allemagne.
Plus généralement, il est difficile de connaître la durée et l’ampleur des flux d’aversion au risque sur le marché des changes lors d’un éventuel deuxième mandat de Donald Trump. Pour les actions, la situation est plus claire. À moyen terme, les élections n’ont pas beaucoup d’importance pour les plus-values sur le marché des actions. Sur les 15 derniers présidents, 13 ont enregistré des résultats positifs à la fin de leur mandat.
La semaine prochaine sera importante pour les marchés, car les données américaines continueront de donner le ton aux investisseurs. Les chiffres du PIB, l’indice PMI manufacturier et le rapport sur l’emploi seront très attendus.
Macro mondiale
Une couverture évidente avant les élections
Les États-Unis dictent les marchés. L’exceptionnalisme économique américain, les attentes moindres en ce qui concerne un assouplissement de la part de la Réserve fédérale (Fed) et les sondages plus favorables à une victoire de Donald Trump aux élections américaines ont donné lieu à des échanges volatils cette semaine. Le dollar américain a enregistré sa quatrième hausse hebdomadaire consécutive dans un contexte de rendements obligataires en hausse et de stagnation des actions.
Les valeurs refuges sont demandées. Outre le retour de l’exceptionnalisme économique américain, la géopolitique et la politique intérieure apportent au dollar un soutien supplémentaire. L’or a atteint un niveau record dans un contexte de hausse des les tensions au Moyen-Orient, tandis que la course électorale de plus en plus serrée aux États-Unis ont provoqué une fuite vers les valeurs refuges.
Couverture en vue des élections. La volatilité des obligations américaines reste élevée et apporte un soutien au dollar américain, qui entretient une corrélation positive avec les obligations. L’indice MOVE a bondi alors que l’élection américaine entre dans la ligne de mire de l’indice. Cette augmentation a eu lieu le 7 octobre, où s’est produite la plus forte hausse en pourcentage sur une seule journée depuis 2020, dépassant le jour où la Fed a suggéré qu’elle avait l’intention d’augmenter les taux de 75 points de base en juin 2022 et l’effondrement de la Silicon Valley Bank en mars 2023.
La zone euro en danger ? L’euro n’est pas la seule monnaie à souffrir du positionnement anticipé des investisseurs dans le cadre des élections américaines. Cependant, l’absence d’accord de libre-échange (ALE) entre les États-Unis et l’Union européenne laisse présager des difficultés économiques à venir et d’une augmentation des tarifs douaniers en cas d’une victoire de Donald Trump. La volatilité implicite sur un mois de l’EUR/USD est désormais de 8,3 %, son plus haut niveau depuis début 2023, et la prime de l’option d’achat pour la même durée suggère que les investisseurs préfèrent se couvrir contre de nouveaux risques de baisse plutôt que de hausse.
L’exceptionnalisme américain perdure. Les demandes d’allocations chômage ont été inférieures aux attentes, mais les demandes continues ont augmenté plus que prévu pour atteindre leur plus haut niveau depuis 2021. Les enquêtes d’activité régionales timides de la Fed contrastent avec une autre série de données PMI robustes aux États-Unis. L’enquête PMI de S&P a dépassé les attentes en termes de chiffres globaux pour le secteur de la fabrication, les services et les données composites, creusant ainsi l’écart actuel entre les États-Unis et l’Europe.
Aversion régionale ou mondiale au risque de change. Les trois canaux par lesquels la prochaine administration américaine pourrait impacter les marchés sont la politique intérieure, la politique commerciale et la politique étrangère. Lors du premier mandat de Donald Trump, il a fallu un an pour obtenir des réductions d’impôts prolongées. Les deux candidats auront donc besoin de toute l’année 2025 pour obtenir des changements significatifs. Le protectionnisme serait le moyen le plus évident de renforcer le dollar. Il s’agit alors de savoir si un tel mouvement déclencherait une vague d’aversion au risque mondiale affectant toutes les devises procycliques, ou si cela entraînerait davantage de régionalisme dans les pays ayant conclu des accords de libre-échange avec les États-Unis.
Une semaine importante à venir. Les indicateurs de volatilité implicite sur un mois ont augmenté dans toutes les classes d’actifs, car ils prennent en compte le prochain rapport sur les emplois non agricoles aux États-Unis, la décision du FOMC et l’élection présidentielle américaine. Ces trois paramètres connus, mais imprévisibles vont conduire à des échanges volatils. Pour le moment, ils ont profités aux devises refuge. La semaine prochaine, les chiffres du PIB et de l’inflation aux États-Unis et dans la zone euro seront au premier plan. En Asie, les indices PMI chinois et la décision de la Banque du Japon sur les taux occuperont le devant de la scène.
Points de vue sur le marché des changes
L’impulsion politique s’ajoute aux divergences macroéconomiques
USD Deuxième phase de reprise : la politique. Une multitude de facteurs haussiers poussent le dollar américain à la hausse. Le renouveau de l’exceptionnalisme américain. La hausse de la volatilité des titres à revenu fixe s’accompagne d’une hausse des rendements américains à leurs plus hauts niveaux sur trois mois. De plus, la géopolitique et la politique intérieure apportent un soutien supplémentaire au dollar, notamment compte tenu de l’amélioration de la probabilité d’une victoire de Donald Trump dans les sondages. Nous pourrions également assister à des flux supplémentaires de valeurs refuges vers le dollar, en particulier si une réduction accrue des risques avant les élections conduit à une baisse significative des liquidités. Par ailleurs, les fonds spéculatifs et les gestionnaires d’actifs ont réduit leurs paris contre le dollar américain (positions courtes) au cours de la deuxième semaine d’octobre d’environ 8 milliards de dollars. Il s’agit du plus grand changement de sentiment depuis 2021. L’indice du dollar américain a quant à lui augmenté pendant quatre semaines consécutives de près de 4 % pour atteindre son plus haut niveau depuis trois mois. La première phase de reprise du dollar concernait l’économie américaine, tandis que la deuxième phase pourrait être entièrement politique.
EUR L’euro sur le qui-vive avant les élections. L’euro a dû lutter contre de nombreux vents contraires au cours des quatre dernières semaines : Des données macroéconomiques décevantes pour l’Allemagne, l’incertitude politique entourant les élections américaines, des chiffres de l’inflation de dessous de l’objectif dans la plupart des pays de la zone euro et des paris croissants sur un nouvel assouplissement de la politique monétaire. Cette série de désagréments a finalement poussé l’EUR/USD sous la barre des 1,08 $, en baisse de 3 % pour le mois. Par ailleurs, l’écart de volatilité implicite réalisé sur deux semaines, une mesure clé du marché des options basée sur l’ampleur attendue des fluctuations des devises à l’avenir par rapport à la situation actuelle, a atteint son plus haut niveau depuis sept ans. Parallèlement à ce changement, la volatilité implicite sur deux semaines a enregistré mercredi sa huitième plus forte progression quotidienne depuis la crise de la dette souveraine européenne. La volatilité implicite sur un mois est désormais de 8,3 %, son plus haut niveau depuis début 2023, et la prime de l’option d’achat pour la même durée suggère que les investisseurs préfèrent se couvrir contre de nouveaux risques de baisse pour l’EUR plutôt que contre les risques de hausse.
GBP La livre est affectée par la volatilité du marché obligataire. La Banque d’Angleterre n’étant plus considérée comme l’exception belliciste, et les attentes globales d’assouplissement monétaire du G3 ayant diminué, la livre sterling est en recul face au dollar américain. La paire GBP/USD est tombée à son niveau le plus faible depuis la mi-août, en baisse de 3 % depuis le début du mois. Elle se heurte à sa moyenne mobile sur 100 jours de 1,2965 $. Un passage sous ce niveau ouvre la porte à une moyenne mobile sur 200 semaines de 1,2850 $, qui devrait offrir un support correct à court terme. À long terme, surtout si le parti démocrate remporte les élections américaines, nous sommes toujours favorables à un retour de la livre sterling vers 1,35 $ l’année prochaine, en supposant que la croissance économique américaine commence à ralentir et que la Fed baisse les taux d’intérêt plus que la BoE. Cependant, le scénario de risque extrême prévoyant une victoire du parti républicain est envisagé, envoyant la paire GBP/USD sous la barre des 1,25 $ avant la fin de l’année. Face à l’euro, la livre sterling reste proche du seuil de 1,20 €, soutenue par la hausse des différentiels de taux à court terme, avec un écart à 2 ans dépassant son plus haut niveau depuis 12 mois. La paire GBP/EUR est désormais est supérieure d’environ 12 % à son plus bas niveau de 2022, elle est également 4 % plus élevée depuis le début de l’année et cinq cents au-dessus de sa moyenne sur 5 ans.
CHF L’attractivité de la valeur refuge limite les pertes. Le franc suisse se maintient face aux devises du G10 grâce à son attrait de valeur refuge dans un contexte de volatilité croissante des marchés obligataires et à l’approche des élections américaines, qui constituent un événement à risque. Ceci dit, l’écart de volatilité implicite/réalisé sur deux semaines, qui reflète désormais les élections américaines, est à son plus haut niveau depuis le pic de la pandémie en 2020, signe de fluctuations importantes attendues de la paire et indiquant que les coûts de couverture sont surévalués. L’USD/CHF s’approche de son plus haut niveau sur deux mois, sous la pression d’un dollar plus fort et des attentes d’un cycle d’assouplissement monétaire plus progressif de la part de la Fed. Par ailleurs, la décélération continue de l’inflation suisse (à son plus bas niveau depuis trois ans) a renforcé les attentes d’une nouvelle baisse des taux de la part de la Banque nationale suisse (BNS) lors de la prochaine réunion de décembre. Cette histoire de taux divergents pourrait devenir un fardeau plus lourd pour le franc si l’appétit pour le risque augmente et si la volatilité diminue après les élections américaines.