Le sentiment s’est détérioré en raison de la faiblesse des données économiques et de la situation commerciale nébuleuse : les actions ont conservé des gains modestes, tandis que les rendements ont augmenté. Malgré sa hausse cette semaine, le dollar est toujours en passe de connaître son plus mauvais mois depuis plus d’un an.
En ce qui concerne la croissance liée aux tarifs douaniers de Trump, l’optimisme cède sa place aux craintes liées à la stagflation et à la récession chez les investisseurs, ce qui illustre le sentiment de scepticisme en ce qui concerne la stratégie économique du président.
L’indice de confiance des consommateurs du Conference Board est tombé à 92,9 en mars, son plus bas niveau en quatre ans. La composante liée aux attentes des consommateurs a quant à elle atteint son plus bas niveau depuis 12 ans. Les ménages se disent inquiets quant à la hausse des prix et la dégradation de la situation économique.
La Fed affiche une certaine prudence quant aux baisses de taux, car les attentes concernant l’inflation sont en hausse. La gouverneure Adriana Kugler a souligné les inquiétudes concernant les surprises liées à l’inflation et la pression sur les prix, ce qui montre une certaine réticence à assouplir les politiques prématurément.
L’idée de « tarifs douaniers secondaires » sur les pays qui se procurent du pétrole vénézuélien ainsi que la future taxe de 25 % sur les importations de voitures alimentent le sentiment d’imprévisibilité. Par ailleurs, les inquiétudes concernant les effets plus large de ces mesures sur l’économie et les relations diplomatiques se font ressentir.
Toutefois, les nouvelles sont plus positives en Allemagne, où l’indice Ifo a atteint 86,7 en mars, ce qui indique une possible stabilisation de l’économie.
Malgré les inquiétudes suscitées par le « Spring Statement », la livre sterling fait preuve de résilience. La paire GBP/USD s’échange à près de 1,29 $ et la paire GBP/EUR à 1,20 €, récupérant ainsi ses pertes récentes.

Macro mondiale
L’inquiétude se fait ressentir à l’approche de l’application des tarifs douaniers le 2 avril
Intensification des échanges sur les tarifs douaniers. Les marchés restent sur le qui-vive, car le champ d’application et la mise en œuvre des tarifs douaniers américains reste nébuleuse. Lundi dernier, Donald Trump a laissé entendre que certaines de ses taxes prévues pourraient ne pas entrer en vigueur le 2 avril. Par conséquent, il se pourrait que l’administration adopte une approche plus souple. Cependant, le président américain prévoit maintenant d’appliquer des « tarifs douaniers secondaires » sur les pays qui se procurent du pétrole vénézuélien, et d’introduire une taxe de 25 % sur les importations de voitures la semaine prochaine. Ces mesures alimentent le sentiment d’imprévisibilité de la politique commerciale des États-Unis.
Les craintes liées à la stagflation se font sentir. L’espoir que les tarifs douaniers de Donald Trump stimuleraient la croissance américaine a cédé sa place à des craintes de stagflation et de récession. En effet, les investisseurs se montrent de plus en plus sceptiques quant à la stratégie économique de l’administration. La confiance des consommateurs a largement reculé en mars : l’indice du Conference Board est tombé à 92,9, son plus bas niveau depuis quatre ans. La composante liée aux attentes a été particulièrement faible : elle a plongé de près de 10 points et a atteint son plus bas niveau depuis 12 ans. Les ménages semblent s’inquiètent de plus en plus de la hausse des prix et de la détérioration de la situation économique.
L’Europe se stabilise. Le dernier indicateur d’activité économique de la zone euro a enregistré la plus forte augmentation depuis sept mois, avec un PMI composite en légère hausse (50,4). Bien que ce chiffre soit quelque peu en deçà des attentes du marché, le secteur manufacturier a surperformé, ce qui constitue une lueur d’espoir pour l’économie européenne en stagnation. L’Allemagne constitue la locomotive de cette amélioration. Grâce à sa nouvelle expansion fiscale centrée sur les infrastructures et la défense, l’optimisme quant à un regain économique se fait ressentir.
Fluctuations. Sur les marchés, la semaine s’est avérée volatile en raison des informations sur le commerce. Les actions affichent une courbe en dents de scie, les rendements ayant augmenté à cause des craintes d’inflation. Le dollar américain a su tirer profit de cette situation et enregistré sa deuxième semaine de hausse consécutive.

Points de vue sur le marché des changes
Manque de direction et de conviction
USD Rebond en fin de mois. La politique commerciale occupe de nouveau le devant de la scène : les marchés sont donc sur le qui-vive. Au vu de la dernière série d’annonces de Donald Trump concernant les tarifs douaniers, l’attrait du dollar américain en tant que valeur refuge semble avoir tout juste dépassé la crainte d’une nouvelle érosion de l’exceptionnalisme économique américain. Malgré la faiblesse des soft data, les hard data en provenance des États-Unis restent résilientes. L’état réel de l’économique est donc nébuleux. Même si la guerre tarifaire est perçue comme un ralentissement de l’économie américaine et peut se traduire par une faiblesse générale du dollar, les pertes à court terme pourraient être limitées en raison du statut historique du dollar comme valeur refuge. Par ailleurs, le dollar présente son plus mauvais mois depuis novembre 2022, et les actions américaines sous-performent. À très court terme, cela se traduit par un achat du dollar renforcé à des fins de rééquilibrage de fin de mois et de fin de trimestre. Malgré cela, les perspectives du billet vert restent très incertaines. Celles-ci dépendent des données économiques, de la politique de la Fed et de l’actualité géopolitique et commerciale. Nous notons cependant qu’au cours des 20 dernières années, avril est le pire mois de l’année pour le dollar, qui affiche un rendement moyen négatif de -0,5 %. Cela étant, les tendances saisonnières passent au second plan par rapport aux guerres commerciales à l’approche du « Jour de la Libération ».
EUR Pertes à court terme, gains à long terme ? La paire EUR/USD continue de se défaire de sa condition de surachat du début du mois, la paire étant en passe de baisser pour la deuxième semaine consécutive. La moyenne mobile sur 50 semaines constitue un support correct. Pour la paire, il est indispensable de rester autour de la moyenne mobile sur 200 jours (1,0720 $) pour maintenir un biais haussier à court terme. Les perspectives de l’euro se sont améliorées grâce au changement radical de la politique financière de l’Allemagne, qui a déjà renforcé le sentiment dans l’ensemble de l’UE. Toutefois, les tensions commerciales prennent de l’ampleur et alimentent les inquiétudes liées à l’économie de la zone euro, fortement axée sur les exportations, ce qui prend le pas sur l’optimisme. Si Donald Trump maintient ses tarifs à deux chiffres sur les importations de l’UE, la paire EUR/USD pourrait avoisiner de nouveau les 1,05 $. Toutefois, nous ne pouvons pas exclure une reprise de la rotation des actifs américains vers les actifs européens si les traders considèrent les tarifs douaniers comme plus dommageables pour l’économie américaine. De plus, le soutien budgétaire de l’Europe continue de favoriser une perspective haussière de l’euro à moyen terme. C’est pourquoi l’ajustement des prix à l’extrémité de la courbe de volatilité de l’euro montre que le sentiment de marché est le moins baissier depuis plus de trois ans.

GBP Un nouvel élan. Malgré le fait que les plans budgétaires du gouvernement britannique soient observés de plus en plus près, la livre sterling a fait preuve d’une bonne résilience cette semaine. Les obligations d’État restent vulnérables. En effet, les inquiétudes quant à pérennité du plan de dépenses occupent le devant de la scène, tandis que la marge budgétaire est en perte de vitesse. Cela étant, les investisseurs ne se débarrassent pas simultanément de la livre sterling et des obligations d’État comme ils l’ont fait au début de l’année, lorsque la confiance dans la politique britannique était faible et que les craintes liées à la stagflation étaient en hausse. Pour l’heure, la livre sterling et les rendements sont dans le vert, grâce au rapport sur l’inflation bien moins pessimiste que prévue et les bons chiffres des ventes au détail cette semaine. La livre sterling semble être avantagée à l’échelle mondiale en ce qui concerne les tarifs douaniers. Le sentiment d’optimisme, lié au fait que le Royaume-Uni évitera le pire du plan de Donald Trump en matière de tarifs douaniers, fait de la livre une couverture séduisante contre les fluctuations dues auxdits tarifs. L’indice de peur VIX montre une corrélation positive (bien que faible) en ce sens. De plus, les traders spéculatifs affichent un sentiment haussier quant aux perspectives de la livre sterling, selon les données de la CFTC. La paire GBP/USD est en passe d’afficher un gain hebdomadaire et d’atteindre 1,29 $, sa moyenne sur 5 ans. Toutefois, la barre des 1,30 $ semble difficile à atteindre. En outre, la paire GBP/EUR est repassée au-dessus de 1,20 €, récupérant ses pertes du mois dernier. En effet, les actualités concernant les tarifs douaniers n’étaient pas en faveur de l’euro.
CHF Vent favorable du risque commercial. La semaine s’est avérée mitigée pour le franc suisse. Il progresse face à l’euro et au yen, mais recule face au dollar américain après avoir atteint son plus haut niveau depuis 4 mois. Les initiatives budgétaires de l’Allemagne ont soutenu l’alignement partiel de la paire EUR/CHF sur les différentiels de taux, mais cet effet semble désormais de plus en plus intégré. De plus, à l’approche de l’échéance du 2 avril pour les tarifs douaniers, la position accommodante de la BCE pourrait revenir au premier plan dans un contexte d’évolution négative des tarifs douaniers. Puisque la BNS a déjà abaissé ses taux à 0,25 %, sa capacité à réagir aux chocs est limitée. Cela suggère une tendance à la baisse pour la paire EUR/CHF. En revanche, techniquement parlant, la paire se situe au-dessus de ses moyennes mobiles à long terme, qui pointent vers le haut. Cela suggère qu’il subsiste un biais haussier. De plus, le franc est devenu la monnaie majeure au rendement le plus faible : même si l’augmentation des risques tarifaires pourrait agir comme un vent arrière, si les tensions commerciales s’atténuent et que l’appétit pour le risque augmente, le rôle du franc en tant que monnaie de financement pourrait aider à propulser la paire EUR/CHF au-dessus de 0,96.