La Fed a maintenu ses taux inchangés et prévoit toujours deux baisses en 2025, ce qui a favorisé un sentiment d’optimisme. Le S&P 500 a bondi, et a enregistré sa meilleure journée de décision de la Fed depuis la mi-2022. Dans le même temps, les espoirs d’un cessez-le-feu en Ukraine contribuent à l’intensification du sentiment haussier.
Le redressement suite à l’annonce de la Fed a été de courte durée, car les actions américaines sont retombées dans le rouge. Face aux tensions commerciales et aux inquiétudes quant à la croissance mondiale, les investisseurs font preuve de prudence. Le président de la Fed, Jerome Powell, insiste sur la nécessite d’adopter une posture patiente et flexible.
La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a averti que les représailles de l’UE contre les tarifs douaniers américains pourraient ralentir la croissance. Toutefois, elle a minimisé les risques d’inflation. Les marchés ont interprété cette déclaration comme un signe que la BCE n’augmenterait pas ses taux en réponse. Cela risque de faire pression sur l’euro.
La Banque d’Angleterre a maintenu ses taux à 4,5 %, comme prévu, à l’issue d’un vote de 8 contre 1. Cela suggère que la BoE adoptera une posture plus belliciste. Les décideurs politiques ont évoqué peu de changements dans les conditions nationales. Toutefois, ils ont reconnu que le climat du commerce mondial était de plus en plus incertain.
Bien que, globalement, le dollar est à la baisse, le billet vert constate une hausse de la demande en raison des incertitudes qui entourent les politiques de la Fed et les risques d’ordre géopolitique. L’indice DXY est en passe de signer son premier gain hebdomadaire en mars, soutenu par l’évolution des attentes de la Fed.
La paire EUR/USD a atteint 1,0955 $, son plus haut niveau depuis octobre, avant de s’essouffler à nouveau. Le climat politique incertain en Allemagne , ainsi que l’impact des tarifs douaniers américains, pourraient remettre en cause la vigueur de l’euro dans les mois à venir.

Macro mondiale
Les marchés en dents de scie après l’annonce de la Fed
L’optimisme…Les marchés ont repris de la vigueur mercredi suite à l’annonce de la Fed, qui maintient ses taux inchangés et prévoit toujours de deux baisses de taux cette année. Un potentiel cessez-le-feu en Ukraine a par ailleurs alimenté cet optimisme. Les actions se sont envolées, le S&P 500 enregistrant sa meilleure journée de décision de la Fed depuis juillet 2022.
…puis la stagnation. Cependant, l’euphorie post-Fed n’a pas duré : les actions américaines sont revenues dans le rouge ce jeudi. En effet, l’incertitude concernant le commerce et la croissance mondiale ont joué en leur défaveur. Les traders ne savent toujours pas où se dirige l’économie américaine, les risques liés aux politiques et au climat géopolitique continuant de peser. Jerome Powell, le président de la Fed, a reconnu ces risques, mais a souligné que les décideurs politiques resteraient patients. Il a déclaré que la position de la Fed est « parée pour réagir à ce qui arrive ».
La BCE est accommodante. Christine Lagarde, la présidente de la BCE, a averti les législateurs européens que la croissance serait plus faible. Toutefois, elle a minimisé les risques d’inflation si l’UE imposait des mesures de représailles aux tarifs douaniers américains. L’impact le plus brutal se produirait au cours de la première année, avec des effets persistants sur la production. Les pressions inflationnistes, quant à elles, s’atténueraient avec le temps, ce qui signalerait que la BCE n’augmenterait pas les taux. Ce discours a pesé sur l’euro.
La BoE reste sur sa position. La Banque d’Angleterre (BoE) a maintenu ses taux inchangés à 4,5 % comme prévu. Toutefois, des incertitudes pèsent sur la suite, car les perspectives de l’inflation n’inspirent pas confiance. La répartition des votes a été l’un des points clés de l’attention. À 8 contre 1, cela suggère que la dynamique est désormais plus belliciste. Plus généralement, pour la BoE, il y a eu peu de développements économiques nationaux depuis la réunion de février, et que, dans le même temps, le degré d’incertitude de la politique commerciale mondiale a augmenté.

Points de vue sur le marché des changes
L’enthousiasme bat de l’aile
USD Se maintient après la déclaration de la Fed. Le dollar américain poursuit sa tendance baissière, et a perdu près de 6 % par rapport à son pic de janvier. Néanmoins, l’incertitude de la Fed combinée aux risques géopolitiques continue de créer des poches de demande. En effet, le DXY est en passe de connaître sa première hausse hebdomadaire ce mois-ci. Le dollar s’est redressé avant la décision de la Fed grâce aux paris bellicistes. Après la déclaration, des corrections sont entrées en jeu les marchés ayant choisi de se concentrer sur l’inclinaison accommodante de la politique de bilan par rapport au changement plus belliciste du graphique à points. Les rendements des bons du Trésor ont diminué. Les obligations à deux ans sont passées sous la barre des 4 %, alors que les traders réévaluaient la voie à suivre par la Fed. Jerome Powell, président de la Fed, s’est montré confiant pour éviter une récession profonde ou une inflation prolongée. Cela a également favorisé les actifs plus risqués. Toutefois, la rotation de plus en plus faible des actions américaines vers les actions européennes semble favoriser un scénario de stabilisation du dollar à court terme. Les risques liés aux données à venir (l’emploi et les chiffres de base du PCE, par exemple, pourraient remettre en cause les prix de la Fed ; or, la stabilisation du sentiment macroéconomique est nécessaire pour soutenir une reprise du dollar. L’imposition de tarifs douaniers universels par les États-Unis le 2 avril pourrait être le catalyseur qui donnera un nouvel élan au billet vert au deuxième trimestre.
EUR L’optimisme commencerait-il déjà à s’estomper ? L’euro a atteint 1,0955 $ face à l’USD. C’est son plus haut niveau depuis octobre, mais l’élan s’est affaibli, la paire se négociant à nouveau dans la zone neutre via le RSI à 14 jours. Malgré les espoirs d’un accord de paix avec l’Ukraine et l’approbation par le Bundestag du changement constitutionnel sur la réduction de la dette, l’euro peine à se redresser. L’euro semble donc avoir pleinement intégré les avantages des réformes des dépenses, et se rapproche du pic d’optimisme concernant les mesures de relance budgétaire. Par ailleurs, l’absence de gouvernement en Allemagne et les négociations difficiles pour former une coalition pourraient compliquer les perspectives. Le plan budgétaire allemand devrait alléger la pression exercée par la BCE pour soutenir l’économie de la zone euro, ce qui signifie que les différentiels de taux devraient également soutenir la monnaie commune. Cela étant, le deuxième trimestre pourrait refroidir l’optimisme européen, en particulier avec l’entrée en vigueur des tarifs douaniers américains, qui pourraient freiner la dynamique de l’euro. La paire EUR/USD stabilise sa hausse à hauteur de 5 % (1,07 $) depuis le début de l’année, bien au-dessus de sa moyenne mobile sur 200 jours. Toutefois, l’euro peine à franchir la barre des 1,10 $, ce qui suggère qu’un objectif plus bas est envisageable au cours des semaines à venir.

GBP Aucun impact majeur de la part de la BoE. La livre sterling n’est désormais plus en surachat face au dollar américain cette semaine. Elle a en effet brièvement dépassé le seuil des 1,30 $, mais n’a pas réussi à se maintenir de manière significative ni à dépasser ce seuil. La paire GBP/USD est en passe de subir sa première perte hebdomadaire en trois ans. Cependant, elle est supérieure de 3 % par à rapport à il y a un mois, et de 7 % plus élevée par rapport à son niveau le plus bas de l’année (1,21 $). Le vote à 8 contre 1 de la BoE en faveur du maintien des taux inchangés n’a pas fait bouger les attentes en matière de politique monétaire. En effet, les traders accordent davantage d’attention aux incertitudes externes, car l’aversion mondiale au risque réduit l’attrait de la livre sterling, sensible au risque. La barre des 1,35 $ pourrait être un indicateur de hausse clé, mais semble difficile à atteindre. En effet, il faudrait que le sentiment de risque mondial s’améliore, que les perspectives économiques aux États-Unis continent de s’empirer, et que les écarts de rendement entre le Royaume-Uni et les États-Unis se creusent. Par ailleurs, la paire GBP/EUR est de nouveau passé au-dessus de la barre des 1,19 €, la moyenne mobile sur 50 semaines (1,1888 €) étant un bon soutien. L’avantage de la livre sterling en termes de rendement reste favorable par rapport à l’euro, car les taux d’intérêt au Royaume-Uni devraient rester proches de 4 %, tandis que ceux de la zone euro avoisiner 2 % d’ici la fin de l’année. Cependant, la réduction des écarts de croissance et de taux d’intérêt réels devrait profiter à l’euro à moyen terme, limitant ainsi la hausse de la livre au-delà des sommets attendus en 2025.
CHF L’inflation atténue les risques de baisse. La paire EUR/CHF s’est maintenue entre 0,93 et 0,95 pendant la majeure partie de ce trimestre, et n’a augmenté qu’après l’annonce du plan historique de l’Allemagne visant à accroître ses dépenses. Toutefois, la tendance à la hausse a perdu de son élan après avoir atteint un sommet de 8 mois la semaine précédente. Le franc suisse a connu d’importantes fluctuations hebdomadaires face à l’euro ce mois-ci. Le taux de change était donc en attente avant la décision de la BNS sur les taux cette semaine. Le franc a effacé une partie de ses gains récents face à la plupart de ses principaux pairs. En effet, la BNS, citant des risques croissants de baisse de l’inflation, a réduit ses taux, lesquels atteignent leurs niveaux plus bas depuis plus de deux ans. Les écarts de taux d’intérêt sont au cœur des préoccupations des marchés en ce moment, et avec la politique de baisse des taux plus agressive de la BNS ainsi que le soutien budgétaire positif en Europe, nous pensons que l’euro a plus de chances de monter face au franc suisse. Les traders d’options sont d’accord, les indicateurs d’inversion de risque à un an montrent qu’ils sont les moins optimistes sur le franc suisse depuis près de huit mois. Aucune résistance technique forte n’est en place jusqu’aux plus hauts de juillet (0,9774), tandis que la moyenne mobile sur 200 semaines, qui n’a pas été testée depuis quatre ans, se situe actuellement à 0,9894.