- Les tensions géopolitiques se sont apaisées, ce qui a favorisé l’opinion baissière sur le dollar après un bref rebond. Le billet vert étant toujours considéré comme une valeur refuge (évoluant à l’inverse de l’indice S&P 500), le sentiment de risque et de la négativité bien ancrée du dollar ont été les moteurs de sa chute. La devise a en effet sous-performé par rapport à la plupart des devises du G10.
- Comme à l’accoutumée, Jerome Powell, le président de la Fed, a tenu un discours mesuré et fondé sur les données lors de son intervention devant le Congrès. Toutefois, il a laissé entendre qu’il pourrait y avoir plus de flexibilité si l’inflation restait modérée. Ses remarques font écho aux signaux accommodants des gouverneurs Michelle Bowman, Christopher Waller et Austan Goolsbee, lesquels ont minimisé les risques inflationnistes liés aux tarifs douaniers.
- Les spéculations vont bon train sur la future direction de la Fed : selon certains rapports, le président américain Donald Trump envisage de nommer le successeur de Jerome Powell bien avant la fin de son mandat. Par ailleurs, une série de données économiques ont favorisé un positionnement accommodant. Les marchés anticipant désormais jusqu’à trois baisses de taux d’ici la fin de l’année, ce qui représente une pression supplémentaire sur le dollar.
- L’euro a dépassé la barre des 1,17 $ pour la première fois depuis 2021, et pourrait bien aller au-delà des 1,20 $. Même si la dynamique intérieure reste limitée, cette évolution est principalement liée au dollar. Toutefois, la réduction des écarts de taux, en raison de la posture accommodante de la Fed et de celle plus agressive de la BCE, rapproche les valorisations de leur juste valeur. Cela favorise une nouvelle appréciation de l’euro.
- Les risques liés aux tarifs douaniers et au déficit sont de nouveau au centre de l’attention, alors que deux échéances critiques approchent : le 4 juillet, date à laquelle Donald Trump vise à faire passer un projet de loi fiscale radical, et le 9 juillet, date à laquelle les tarifs douaniers punitifs pourraient revenir faute d’accord. Ces deux échéances influenceront le sentiment dans les semaines à venir.

Macro mondiale
Les craintes liées au climat géopolitique sont de courte durée
Intensification initiale… La semaine a commencé avec un vent de panique sur le plan géopolitique, mais il s’est rapidement estompé, et les actions américaines ont terminé la semaine en frôlant leurs records historiques. Le dollar américain s’est renforcé tôt lundi, car les marchés se sont tournés vers les valeurs refuges après que les États-Unis ont annoncé des frappes sur des installations nucléaires iraniennes au cours du week-end. La réaction initiale a toutefois été relativement modérée : le dollar a augmenté d’environ 0,5 %. Les États-Unis ont confirmé avoir utilisé des missiles Tomahawk lancés depuis des sous-marins ainsi que des bombes anti-bunker larguées par des bombardiers furtifs B-2 samedi soir, heure des États-Unis.
…puis la situation se calme : toutefois, les marchés ont rebondi mardi. Les actions américaines ont progressé de plus de 1,0 % après que les frappes de représailles de l’Iran sur les actifs américains ont été considérées comme largement symboliques. Certaines sources affirment que l’Iran aurait prévenu les États-Unis à l’avance de 19 lancements de missiles qui visaient la base aérienne d’Al Udeid au Qatar. Tous les missiles ont été interceptés, sauf un qui n’a cependant causé aucun dégât. Cette réponse mesurée a été perçue comme le début de l’apaisement des tensions. Les prix du pétrole ont reculé de 7,2 %, à moins de 60 USD le baril.
Qui sera le prochain président de la Fed ? La Réserve fédérale américaine est manifestement divisée : les membres du conseil d’administration, à savoir Christopher Waller et Michelle Bowman, sympathisants du président Donald Trump, sont tous deux partisans d’une baisse des taux de la Fed lors de sa prochaine réunion le 30 juillet. Les responsables de la Fed pourraient se préparer à céder leur place. Selon le Wall Street Journal, qui cite des sources qui connaissent le dossier, le président américain Donald Trump pourrait dès cet été nommer un successeur à Jerome Powell, le président de la Fed.
Les PMI se débarrassent du bruit lié à la politique : en dehors de la politique, les données macroéconomiques ont été plus positives. Tout d’abord, les indices des directeurs d’achat se sont révélés meilleurs que prévu. Les chiffres du PMI constituent la lecture la plus récente de l’économie mondiale et les chiffres de juin étaient plus optimistes. Les industries manufacturières des États-Unis, du Royaume-Uni, du Japon et de l’Allemagne en particulier se sont très bien portées. Cependant, les chiffres de l’industrie et des services en France sont décevants.
Aux États-Unis, les données restent stables : D’autres données américaines ont également été plus positives : en mai, les commandes de biens durables ont été meilleures que prévu (en hausse de 16,4 % contre 8,6 % prévu). Plus important encore, le chiffre des demandes d’allocation chômage, qui avait récemment empiré, commence à s’améliorer. La semaine prochaine, le rapport mensuel américain sur l’emploi non agricole sera très attendu. Il devrait être publié jeudi, car la fête nationale américaine aura lieu vendredi.
Le Royaume-Uni va-t-il baisser les taux ? Au Royaume-Uni, le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Andrew Bailey, s’est montré plus enclin à réduire les taux d’intérêt locaux lors de son intervention à la conférence annuelle mondiale des chambres de commerce britanniques, qui s’est tenue jeudi. Il y a déclaré qu’il existe désormais des preuves plus convaincantes d’un « ralentissement » de l’économie britannique, et a remarqué que les données suggèrent qu’une baisse considérable de la croissance des salaires est à prévoir.
L’inflation est toujours inégale : Les chiffres de l’inflation au cours de la semaine présentent encore de grandes variations à travers le monde. Au Canada, l’inflation mensuelle était de 0,6 %, soit plus que prévu (0,5 %). L’inflation annuelle était également plus forte que prévu. En Australie, l’inflation annuelle a bondi de 2,1 %, soit moins que prévu (2,3 %). Les marchés financiers estiment désormais à 94 % la probabilité d’une baisse des taux lors de la prochaine réunion de la RBA, prévue le 7 août.

Perspectives sur le marché des changes
Le dollar affiche toujours une certaine faiblesse
USD De nouveau à son niveau le plus bas depuis 3 ans. L’indice du dollar (DXY) a atteint son plus bas niveau depuis trois ans, de même que les rendements américains : le Trésor à 10 ans a plongé sous la barre des 4,3 % pour la première fois depuis début mai. Un cessez-le-feu entre l’Iran et Israël, négocié par les États-Unis, a atténué la volatilité. Cela a eu pour effet de faire baisser le prix du pétrole brut à moins de 70 $ le baril, et de faire bondir les actions américaines, qui ont frôlé leurs records historiques. Alors que le S&P 500, le Dow Jones et le Nasdaq sont en hausse de 5, 4 et 7 % respectivement ce mois-ci, le DXY est en passe d’accuser sa cinquième perte mensuelle consécutive. Coïncidence : la dernière fois que cela s’est produit, c’était lors du premier mandat de Donald Trump. Par ailleurs, les données macroéconomiques brouillent les perspectives de la Fed. Le PIB du premier trimestre a été révisé à la baisse (-0,5 %) en raison d’une consommation plus faible. En outre, les demandes d’allocations chômage continuent d’augmenter et l’inflation liée aux tarifs douaniers ne s’est pas encore manifestée. Le président de la Fed, Jerome Powell, a maintenu une position attentiste devant le Congrès. Néanmoins, plusieurs responsables signalent une baisse potentielle des taux dès juillet. La division politique a ravivé la dynamique accommodante et soulevé des questions quant à d’éventuelles tensions internes au sein du FOMC. Donald Trump a suggéré qu’il pourrait nommer un nouveau candidat à la présidence de la Fed dès septembre, bien avant la fin du mandat de Jerome Powell en mai. Ce contexte de plus en plus tendu a également accru la pression sur le dollar américain. Avec le rééquilibrage de fin de mois et de fin de trimestre pesant sur le billet vert, le sentiment baissier devrait persister au second semestre. Néanmoins, le troisième trimestre pourrait s’avérer crucial, car les marchés se concentrent sur les trois points saillants de l’économie Trump : les tarifs douaniers, les mesures de relance budgétaire et le programme de déréglementation anticipé qui devraient bientôt entrer en vigueur.
EUR La barre des 1,20 en ligne de mire. L’attrait du dollar américain, brièvement stimulé par les tensions géopolitiques et son statut de valeur refuge, s’est estompé. En effet, des vents contraires persistants pèsent sur le billet vert. L’euro s’en retrouve indirectement stimulé : il a bondi de près de 2 % depuis que les tensions ont commencé à s’apaiser au début de la semaine. Il a dépassé son record de l’année et atteint 1,174. La paire est désormais en surachat selon le RSI sur 14 jours. Toutefois, cela ne semble pas freiner la dynamique haussière : cela fait six sessions que la paire continue de grimper, et se négocie à son plus haut niveau depuis Septembre 2021. C’est justement ce dernier pic (1,1909) qui pourrait bien être dépassé, pour éventuellement atteindre la barre des 1,20. La résistance hebdomadaire se situe à 1,1744, avec un support à 1,1655.

GBP La livre sterling prend de la vigueur malgré les inquiétudes d’Andrew Bailey concernant l’inflation. Andrew Bailey, le gouverneur de la Banque d’Angleterre, a reconnu que les récentes hausses de l’inflation constituent une incertitude supplémentaire dans les projections à moyen terme, tout en remarquant des signes de refroidissement du marché du travail. Ces commentaires entrent en jeu alors que les marchés réévaluent la trajectoire de la politique de la BoE étant donné les signaux économiques mitigés. La paire GBP/USD vient d’atteindre un nouveau record depuis trois ans. Malgré le ton prudent d’Andrew Bailey, la livre sterling a repris sa progression après avoir rebondi sur la moyenne mobile exponentielle de 50 jours comme support. Elle progresse maintenant vers une large zone de résistance à long terme située entre 1,37 et 1,45. Le tableau technique reste favorable, avec des supports de tendance clés qui tiennent à la moyenne mobile exponentielle sur 50 jours à 1,3414 et celle sur 200 jours à 1,3038. La résilience de la livre sterling reflète un optimisme économique sous-jacent et ce, malgré la prudence de la banque centrale. Les acteurs du marché attendent de pied ferme les chiffres du PIB à venir, les données du compte courant, les indices PMI manufacturiers et des services de S&P Global, ainsi que l’indice HPI de Nationwide pour obtenir des indications directionnelles.
CHF Le franc suisse affiche une certaine vigueur La récente série de gains du franc suisse s’est poursuivie la semaine dernière. La paire USD/CHF a chuté à son plus bas niveau depuis 2015, des niveaux jamais vus depuis que la Banque nationale suisse a décidé, à la surprise générale, d’abandonner le soi-disant « plancher » EUR/CHF. La BNS est à nouveau confrontée à un CHF plus fort après avoir ramené la semaine dernière ses taux d’intérêt à zéro pour tenter de ralentir les entrées de devises. Pour l’instant, la faiblesse persistante de l’USD se traduit par des gains en CHF. La tendance de la paire USD/CHF reste à la baisse. Sur la paire USD/CHF, des ordres sont placés à la hausse jusqu’à 0,8075 et à la baisse jusqu’à 0,7980. La semaine prochaine, l’IPC suisse sera publié jeudi.